Interview - Cyril Kouzoubachian

15 Juillet 2020

 

Cyril Kouzoubachian, responsable de PRECEND, a bien voulu répondre à quelques questions concernant son opinion sur le futur des CND.

 

Cyril Kouzoubachian

 

Pourriez-vous nous décrire les activités principales de PRECEND ?

PRECEND est un cluster regroupant environ six types d’acteurs (centres académiques, centres techniques, prestataires de services...), principalement sur les deux domaines que sont les Essais Non Desctructifs (END) et le Structural Health Monitoring (SHM), mais également dans la robotique et l’ingénierie des matériaux.

Nous menons principalement deux actions :

  • Management de projet pour les industriels : faisabilité, assistance technique, expertise... Selon les compétences de nos membres.
  • Animation du réseau : bulletin mensuel de veille technologique, édition de guides pratiques, organisation de journées techniques.

Pour résumer, je peux dire que si vous avez une problématique en END ou SHM, et plus généralement en matériaux ou fabrication avancée, n’hésitez pas à nous contacter !

 

De votre point de vue, quelles sont les principales tendances sur le marché CND à court terme ?

Sur le très court terme, du fait de la crise du coronavirus, il est probable que le marché CND prenne deux voies distinctes : d’un côté, concernant les équipements, ma perception est qu’il y aura des reports d’investissements ; d’un autre côté, concernant les prestations de services, la plupart des inspections ne peuvent être reportées. Même avec les interruptions des chaines de production, il est probable que les interventions END soient plus nécessaires que jamais pour le redémarrage !

Sur le plus long terme, je pense que d’ici à la fin de l’année prochaine, nous repartirons sur les tendances qui existaient avant la crise pandémique : de plus en plus de structures sont vieillissantes, et nécessitent des END ou du SHM pour permettre de prolonger leur usage autant que possible dans des conditions d’utilisation sures !

Quoiqu’il en soit, il n’est jamais trop tard pour innover, que ce soit d'un point de vue technique ou concernant les offres de services. Et c’est l’innovation qui tire le marché vers le haut !

 

Comment évaluez-vous la place pour les outils innovants tels que ceux proposés par EXTENDE, CIVA et TraiNDE ?

Je pense que les outils numériques et innovants ont de plus en plus leur place dans le monde du CND. L’industrie 4.0 n’a pas encore pris toute sa mesure dans les END, qui est un secteur industriel assez "traditionnel", voire même "conservateur".

Mais nous sentons que la tendance est là. La modélisation et la simulation vont devenir essentiels, car les pièces ne sont plus aussi "simples" à contrôler qu’avant : elles sont plus complexes dans leurs formes, mais aussi dans leur composition ! De plus, la simulaton permet dans un certain nombre de situations de s’assurer de la faisabilité du contrôle en amont du test réel, ce qui permet d’économiser du temps et de l’argent !

Cette complexité des matériaux rend l’inspection plus délicate. Il devient essentiel que les opérateurs END soient bien formés à ces nouveaux procédés et matériaux, mais aussi aux nouveaux équipements de contrôle. La réalité augmentée arrive progressivement dans l’industrie, et il semble évident que cela peut apporter une valeur ajoutée pour les opérateurs END. C’est tout l’intérêt de TraiNDE, qui devrait prendre une place importante dans les années à venir pour supporter les évolutions de la professsion de controleur CND.

 

Quelles sont, de votre point de vue, les ruptures technologiques majeures à venir dans les prochaines décennies en CND ?

Il est très difficile de savoir ce que vont être les prochaines ruptures. Si je le savais, j’aurais déjà déposé les brevets !

Je pense néanmoins que les UT vont continuer à nous surprendre avec l’amélioration des algorithmes. La tomographique numérique évolue également beaucoup, et devient de plus en plus efficace et accesssible. Enfin, la digitalisation de la professsion va s’accroitre, que ce soit en amont, avec la modélisation et la simulation, ou en aval, avec l’amélioration des équipements des opérateurs : plus légers, plus faciles, permettant une interprétation plus rapide, incluant la réalité augmentée...