Interview - Matthias Purschke

20 Avril 2016

 

Cette année, le Dr Matthias Purschke est Président de la 19ème conférence WCNDT, qui se déroulera à Munich. C’est un grand honneur pour nous que d'avoir pu l'interviewer.

 

Matthias Purschke
 

Il semble qu’avant d’être devenu président du WCNDT, vous avez eu de nombreux postes dans le domaine des CND. Pourriez-vous nous dire ce qui vous a motivé à passer d’une fonction d’expert technique au sein du département R&D de GE à un poste à la DGZFP ? La technique ne vous manque-t-elle pas ?

Ma carrière en CND a commencé pendant mes études à l’Université Technique de Berlin. L’Institut pour l’Ingénierie Electrique avait une coopération de longue date avec l’ancienne société SEIFERT X-ray. Il m’a donc semblé naturel de rejoindre SEIFERT après avoir terminé ma thèse doctorale en 1989. Je n’ai jamais regretté ma décision, car cela m’a donné l’opportunité d’être impliqué dans toutes les innovations passionnantes de la technologie de l’industrie des rayons X : Reconnaissance Automatique des Défauts par Traitement d’Image Numérique, technologie de détecteurs digitaux tels que les détecteurs matriciels et les plaques luminescentes, calculs 3D de Tomographie, sources avancées de rayons-X, et bien d’autres.

Pendant ces années avec SEIFERT, Agfa et GE, j’ai toujours été en contact avec l’association allemande de CND (DGZFP). Par conséquent, après plus de 20 ans en science et technologie de la radiographie industrielle, une fois encore, cela semblait naturel de rejoindre la DGZFP en tant que directeur général et membre du Conseil. Il était temps de me tourner vers des aspects plus généraux des CND, tels que la promotion de l’intérêt des CND pour l’industrie et la société, et, plus spécifiquement, la formation et la certification du personnel CND.

Eh bien, pour parler franchement, oui, de temps en temps la technologie me manque, mais je n’ai jamais vraiment regretté d’avoir rejoint la DGZFP pour des tâches plus administratives.

 

En France, le passage des films argentiques aux détecteurs digitaux est complexe. Est-ce aussi le cas en Allemagne ?

Selon moi, le film ne sera jamais complètement remplacé par la technologie numérique. Tout simplement parce que les inspections sur site se déroulent très souvent dans des environnements difficiles. L’absence d’alimentation électrique sur le terrain rend l’utilisation de la technologie numérique très compliquée, et parfois même impossible. La combinaison du film et d’une source radioactive marche bien même dans ces cas-là.

De plus, le passage du film au numérique doit offrir des bénéfices en termes de coûts pour le client, et cet aspect dépend de leur(s) application(s) spécifique(s). Un faible niveau d’exposition ne justifiera certainement pas un passage du film aux technologies numériques. Quoiqu’il en soit, pour des projections radiographiques (mesure de l’épaisseur d’un mur, détection de la corrosion) avec un très haut niveau d’exposition, l’utilisation de plaques luminescentes sera considérée comme une technologie de pointe. Pour une inspection aux rayons-X stationnaire, une application en laboratoire et certaines applications sur le terrain, la technologie numérique remplacera effectivement de plus en plus les films rayons-X.

 

Etant donné votre expérience, que pensez-vous de la simulation en CND ? Pensez-vous que cela puisse apporter de la valeur ajoutée ? Connaissez-vous le logiciel CIVA ?

Je dois avouer ne pas être un expert en simulation de CND et je n’ai jamais travaillé avec le logiciel CIVA. Quoiqu’il en soit, je pense que la simulation peut apporter de la valeur ajoutée. La faisabilité des procédures CND et des méthodes peut être testée avant de passer à la pratique. De plus, les outils de simulation CND peuvent être très utile pour l’appréhension basique des CND, et sera donc très adapté pour la formation de personnel en CND.

 

Pourriez-vous également partager avec nous votre vision de l’avenir des CND ? Quelles techniques se développeront le plus ? Pensez-vous que les ultrasons remplaceront la gammagraphie ? Pensez-vous que la tomographie deviendra une technique majeure ?

Un auteur bien connu a écrit la fameuse citation : “Le problème de prédire le futur c’est que tout arrivera seulement dans le futur". Cependant, ma vision personnelle dans la “boule de cristal" est que les CND feront de plus en plus partie d’un réseau numérique de surveillance de l’état  / d’assurance qualité. Les résultats de différentes méthodes de CND seront combinés et corrélées pour améliorer la gestion de la production et de la durée de vie des produits. En Allemagne, une vision pour du futur réseau de la production d’industrie est appelée “Industrie 4.0". Je suis convaincu que les CND en seront une partie cruciale et essentielle, car toute méthode CND va évoluer soit par des améliorations technologiques, soit/et par son potentiel d’intégration dans des boucles de “feed-back".

Les UT et les RT sont des méthodes CND volumétriques avec des caractéristiques, des forces et des limites particulières. Ils ne vont pas se remplacer l’un l’autre, ils vont se stimuler et se complémenter.

En fait, je pense que la CT est déjà une des techniques majeures dans les technologies des CND. Cette technique a fait des progrès incroyables en matière de temps de reconstruction, de qualité d’image et de précision. Le nombre d’applications potentielles est déjà très élevé mais semble toujours loin du but. Aujourd’hui, le nombre d’utilisateurs a déjà dépassé nos anciennes attentes.

Je suis sûr que la prochaine conférence mondiale pour les CND 2016 à Munich apportera des impressions détaillées sur le futur des CND. Alors – Rendez-vous à Munich !