Interview - Patrick Pichard

10 Septembre 2017

 

C’est avec grand plaisir que nous partageons aujourd'hui avec vous quelques mots de Patrick Pichard, directeur de la société M2M.

 

Patrick Pichard

 

Après une trentaine d’années de carrière dans les CND que retenez-vous de votre expérience dans ce milieu ?

J’ai commencé le CND 1976, c’était donc il y a 40 ans environ. Et ce que je retiens évidemment, c’est que c'est un métier passionnant, quelle que soit la méthode, mais tout particulièrement les ultrasons. J’ai beaucoup appris, et j’ai l’habitude de dire que quand on "goûte" aux CND, ils font partie de vous, comme Obélix et sa potion magique !

 

Directeur De M2M, entreprise spécialisée dans la vente de matériel ultrasonore de haute précision, ancien formateur et contrôleur en particulier en ultrasons, quelles sont pour vous les principales qualités recherchées dans ce métier ?

Hormis les qualités techniques (car évidemment il vaut mieux connaitre la physique pour faire ce métier), il faut de la passion, de l’enthousiasme et un esprit d’équipe. Il faut également avoir un esprit volontaire et d’innovation.

 

En quoi vos équipements se différencient-ils d’autres matériels ?

Nous devons apporter aux utilisateurs des fonctionnalités industrielles innovantes. La forte liaison avec CIVA nous aide dans cet objectif.

Mais nous devons également rendre leur utilisation simple et intuitive. Parmi d’autres fonctionnalités, le meilleur exemple est aujourd’hui le Gekko avec la TFM temps réel qui représente une avancée considérable dans la sensibilité et la résolution de détection.

L’accroissement de la probabilité de détection a toujours été un objectif recherché. En ultrasons conventionnels, par l’utilisation de plusieurs sondes de différents angles et de fréquence basse pour augmenter la divergence. Les multiéléments ont apporté le balayage sectoriel et ont permis la focalisation.

Aujourd’hui la TFM apporte la focalisation en tous points de la zone inspectée, et ce en temps réel. La probabilité, la sensibilité ainsi que la résolution s’en trouvent fortement augmentées. Le plus petit élément qu’est l’hydrogène est l’un des pires ennemis des matériaux, par sa facilité à se déplacer et se regrouper et provoquer de la fissuration.

La TFM est l’une des raisons principales pour laquelle le démarrage du Gekko a si bien fonctionné. Je pense donc que la standardisation de TFM ne devrait pas tarder à être effective.

 

Que pensez-vous que la simulation apporte aux inspecteurs ? La recommanderiez-vous ?

Evidemment qu’il faut la recommander. Avant la simulation, lorsqu’on voulait définir une méthode de contrôle à valider, la seule possibilité était de faire des essais réels avec une sonde la plus adéquate possible. Puis on changeait les caractéristiques de la sonde (f, dimensions...) et on recommençait les essais, etc.

La simulation va permettre de faire tous les essais possibles en modifiant les paramètres d’acquisition. Cela résulte en un gain de temps (peut se faire en temps masqué) et d’argent.

Par contre, une fois terminée, il faut tout de même la valider pour vérifier que les résultats pratiques sont conformes à la simulation. C'est d'ailleurs la méthode utilisée pour la validation des algorithmes du logiciel.

Mais ce n’est pas tout, la simulation est aussi un superbe outil de formation. Lors des formations, les travaux pratiques utilisent des maquettes comportant des défauts. Utiliser la simulation pour mettre en situation un opérateur aide vraiment à la compréhension des phénomènes.

 

Comment imaginez-vous l’évolution des techniques d’ici les 10 prochaines années ?

Je l’ai un peu évoqué tout à l’heure, je pense qu’il faut toujours innover.

L’objectif est de toujours trouver plus petit, d’avoir une meilleure résolution et surtout, ce qui manque encore aujourd’hui, de caractériser le défaut. Qu’on puisse avoir, après l’inspection, le diagnostic du type de défaut, de sa forme et de ses dimensions.

Les méthodes d’inversion seront utilisées conjointement à la simulation des différents types de contrôle dans la respect des normes.

Voilà comment seront encore fiabilisés les contrôles de demain. Il n’y a plus qu’à le faire !