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François Billy | EDF DQI

20 Novembre 2025

 

Aoujourd’hui, nous avons l’honneur d’échanger avec François Billy au sujet de l’utilisation de la simulation END et de CIVA au sein d’EDF DQI.

 

 

Pourriez-vous décrire le rôle de la DQI au sein d’EDF, en particulier dans le domaine des CND/END ?

La DQI est l’entité d’EDF qui garantit la qualité industrielle en sécurisant les fabrications, les matériaux et les procédés utilisés pour le parc nucléaire existant et les projets de nouvelles constructions.

Dans le domaine des CND/END, elle conçoit, qualifie et surveille les procédés d’examen non destructif, pilote leur mise en œuvre chez les titulaires, et gère les expertises contradictoires en usine ou sur site.

 

Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et votre rôle actuel au sein d’EDF DQI ?

Je suis entré à EDF en 1989 pour travailler sur une application d’informatique de gestion destinée à l’équipement du réseau électrique haute tension qui était en cours de finalisation.

Puis j’ai rejoint la Direction des Etudes et Recherche où je suis resté un peu plus de 20 ans. Au cours de ces années, j’ai travaillé sur deux principaux sujets : le développement de techniques de contrôle non destructives dans les années 90, et les méthodes d’évaluation de la fiabilité des composants dans les années 2000. Ce dernier sujet m’a permis d’appréhender les modèles de décision sous incertitude et l’estimation de probabilités d’événements rares.

J’ai rejoint une entité d’ingénierie fin 2013, le CEIDRE (devenu Direction Industrielle, puis récemment Direction de la Qualité Industrielle), afin de développer des méthodes et outils autour de deux grands thèmes dans les END : la qualification et la surveillance. Le CEIDRE incluant différents métiers, j’ai aussi travaillé à la modélisation de la ségrégation carbone, ce qui m’a conduit à exploiter des résultats de calculs de thermique/solidification et de forgeage dans le but d’expliquer les valeurs de carbone élevées rencontrées sur quelques composants du parc nucléaire.

 

Quelle part prend la simulation dans le cadre des activités d’EDF, et quels sont les principaux outils utilisés ? Comment percevez-vous l’évolution de l’utilisation de la simulation dans le domaine du CND/END, et comment EDF DQI utilise CIVA pour ses activités ?

Dans le domaine des END, La simulation est utilisée essentiellement en qualification (pour quantifier l’impact de paramètres influents) et en expertise (pour comprendre et interpréter un signal observé sur site). Le recours à la physique des phénomènes est en effet nécessaire pour expliquer un constat, ou à tout le moins, justifier le fait qu’un événement redouté (par exemple la présence d’une fissure) ne peut conduire au signal de mesure qui a été observé sur site.

 

Le recours à la simulation dans le cadre de dossiers de justifications techniques nécessite la réalisation de nombreuses études paramétriques. A ce titre, vous avez pu exploiter les récents outils métamodèles disponibles dans CIVA. Pensez-vous qu’ils constituent un moyen pertinent permettant de faire évoluer la méthodologie sur l’étude des paramètres influents ?

Cette piste me semble très prometteuse. Actuellement, nous étudions les paramètres un par un et faisons un cumul de leur impact dans le but de déterminer et de qualifier un seuil de détection. C’est une approche simple et pragmatique, mais elle est excessivement pénalisante. De plus, ses hypothèses très restrictives ne peuvent pas être vérifiées. Je préconise donc une étude globale de plusieurs paramètres en même temps, ce qui passe pour certains paramètres par des essais de reproductibilité, et pour d’autres, par des codes de simulation et la construction de métamodèles. Cette approche est plus juste et ne nécessite pas d’hypothèses particulières. Nous comptons en faire la promotion dans les années qui viennent auprès des titulaires END qui développent et qualifient des procédés pour les mettre en œuvre sur le parc de centrales d’EDF.

 

Vous avez plusieurs licences CIVA au sein des différents départements d’EDF. Comment s’articule votre utilisation de ces licences en complément de l’offre de consulting proposée par EXTENDE ?

Nous faisons nous-mêmes des simulations. Dans cette optique, nous proposons aux nouveaux arrivants des formations aux outils de simulation. Nous avons ainsi fait intervenir EXTENDE pour nous former aux Ultrasons et aux Courants de Foucault durant les dernières années. Nous développons également une offre de formation interne, orientée sur les composants et problèmes spécifiques d’EDF.

Le fait de pouvoir s’appuyer sur EXTENDE est un atout précieux, soit pour valider nos travaux, soit pour les conduire lorsque nous considérons manquer de temps ou de compétences.

 

Selon vous, quelles seraient les principales perspectives d’amélioration et d’évolution de CIVA en soutien aux activités d’EDF ?

Pour des techniques END évoluées, comme par exemple les UT PWI/TFM qui nous ont permis de développer un procédé de contrôle des circuits RIS/RRA affectés de corrosion sous contrainte, CIVA montre encore trop de limites. Et les éléments finis conduisent à des temps de calcul prohibitifs. Il faut apporter des gains significatifs en termes de temps et de qualité, car si la simulation ne reproduit pas fidèlement la physique qui est en jeu, on ne peut pas s’appuyer dessus.

Une possibilité à tester serait de s’appuyer sur plusieurs codes de simulation et de tenter de construire un métamodèle avec des méthodes de multi-fidélités (peu de calculs avec un code coûteux combinés avec de nombreux calculs avec un code simplifié). Cela permettrait de construire un métamodèle à un coût raisonnable.

Enfin, pour conclure, je tiens à signaler que le capteur ultrasonore qui a permis à EDF de contrôler le parc nucléaire et de redémarrer les centrales qui avaient été arrêtées préventivement au début de l’année 2022 a été fabriqué sur la base d’une simulation conduite en deux semaines par EXTENDE en janvier 2022. En fonction de contraintes d’encombrement, d’énergie et de performances à atteindre, un optimum a été défini au moyen d’un métamodèle simplifié. La fabrication de trois exemplaires de capteur a été lancée dans la foulée, à la fin du mois de janvier. Devant l’urgence et les délais de fabrication, nous avons finalement lancé dès le début du mois de mars la fabrication d’une bonne centaine de traducteurs sur la seule foi de cette simulation. Et les performances ont été au rendez-vous !

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