Interview - Joel François

12 Avril 2023

 

Aujourd’hui, Joel François nous fait l'honneur de nous rejoindre pour parler de l'utilisation des outils de simulation pour la formation d'inspecteurs CND au sein de FRAMATOME - EIRA.

 

Joel François

 

M. François, vous travaillez chez Framatome – EIRA. Pourriez-vous nous préciser quelles sont les missions de cette entité de Framatome ?

Framatome est un leader international de l'énergie nucléaire, reconnu pour ses solutions innovantes qui aident nos clients à fournir une énergie sûre et fiable à faibles émissions de carbone aux consommateurs du monde entier.

Notre vaste expertise contribue à notre mission : être le principal concepteur et fournisseur d'équipements de chaudières nucléaires, de services et de combustible avec des exigences de performance et de sûreté élevées.

EIRA, c'est l'équipe centrale de surveillance de Framatome, et nous contribuons évidemment à ces missions. Elle travaille sur des méthodes conformes à la norme EN ISO / IEC 17020, une norme internationale concernant les exigences en matière de compétence, d'indépendance et d'impartialité des organismes de contrôle. La procédure d'accréditation consiste à évaluer les mesures organisationnelles et techniques déployées par l’organisme pour effectuer des inspections, et comprend l'observation du travail effectué par les inspecteurs sur le terrain. EIRA est accréditée "Type C" selon la norme EN ISO / IEC 17020, et peut donc également mener des activités d'inspection pour le compte de sociétés extérieures à Framatome, en dehors du secteur nucléaire, dans le domaine de la supervision des essais non destructifs et du soudage.

 

Quel est votre rôle au sein de FRAMATOME ?

En premier lieu, la sécurité passe avant tout chez Framatome. Cette exigence fait donc partie de mon rôle et de celui de mon équipe. Nous devons fournir le plus haut niveau de sécurité et de qualité dans la prestation de nos services.

Au sein de EIRA, mon rôle est triple :

  • Responsable technique dans le cadre des repeat inspection pour les contrats anglais des constructions des EPR de Hinkley Point et Sizewell. Il s'agit de refaire des contrôles ultrasons pour confirmer les résultats usine et l'intégrité de gros composants forgés et des soudures.
  • Référent technique et soutien dans les domaines Contrôle Non Destructif (CND) auprès de nos inspecteurs.
  • Former et qualifier les inspecteurs à ces mêmes méthodes CND, soit directement pour EIRA ou dans le cadre de l’école de formation "Inspection Academy".

 

Vous utilisez depuis fin 2021 les simulateurs TraiNDE UT et RT. Quelles sont vos principales applications ?

De façon globale, notre industrie repose sur l'expertise et le savoir-faire de nos employés. Les simulateurs offrent une expérience pratique qui aide nos employés à se préparer et à développer leurs compétences pour effectuer des tâches de façon transparente, tout en les qualifiant pour les opérations dans nos installations et nos centrales nucléaires.

Les simulateurs TraiNDE UT et RT nous servent principalement pour la découverte, la formation et la qualification de notre personnel. Nous avons d’ailleurs fait évoluer nos supports de formations pour leur donner une teinte 2.0 adaptée à nos simulateurs TraiNDE, plus en phase avec les nouvelles générations.

 

Quel est votre retour d'expérience vis-à-vis de ces simulateurs ?

Par le passé, nous formions et qualifiions environ un inspecteur par an dans le domaine ultrasons par l'obtention d'un niveau 2 Ultrasons suivant la norme ISO 9712. Depuis l'acquisition des simulateurs, nous en sommes à une douzaine d'inspecteurs formés en un peu plus de douze mois avec ces nouveaux outils qui génèrent une meilleure concentration des apprenants, désormais très en phase avec ces technologies numériques.

 

Vous avez rejoint récemment le groupe de travail GT 3.1 de l'OPafend (Commission Formation et Métiers de la COFREND) sur l'intégration de la simulation dans les cursus de formations CND. Selon vous, en quoi des outils de simulations / simulateurs peut apporter une plus-value ?

Les simulateurs sont d'une aide inestimable pour la formation, mais il faut qu'elle reste couplée à une expérience réelle. Avec les outils de simulation, on est à même pour un coût moindre de créer une infinité d'exercices. Il faut cependant rester vigilant sur les aspects neufs de ces technologies, et s'assurer de leur maturité (absence de bogues, etc.) afin qu'elles ne soient pas un phénomène de mode et ne soient pas remisées dans un placard plus tard.

 

Pensez-vous envisageable d’utiliser de tels outils pour les examens et certifications ?

Ma première idée serait pour l'examen et la certification dans le domaine de la radiographie industrielle. Cela permettrait de s'affranchir des contraintes de radioprotection de ces derniers. Pour le domaine des ultrasons, c'est tout aussi possible. La difficulté viendrait de verrouiller le système pour qu'un candidat débouté ne remette pas en question les machines. C'est pourquoi j’ai également mentionné la nécessité d'attendre la maturité de ces technologies.