Interview - Stéphane Le Berre

20 Novembre 2017

 

Stéphane Le Berre, chef de projet CIVA au CEA, nous vous remercions d’avoir bien voulu accorder un peu de votre temps à nos questions.

 

Stéphane Leberre

 

Les utilisateurs CIVA attendent avec impatience la sortie de cette dernière version, depuis combien de temps travaillez-vous dessus et combien de personnes ont été mobilisées sur ce projet ?

Tous les ans, nous mettons à disposition les fonctionnalités qui ont atteint un niveau de maturité suffisant pour que les clients CIVA puissent les utiliser avec un maximum de confiance. Cela suppose, d'une part, d'avoir validé les modèles physiques, et d'autre part, d'avoir testé les fonctionnalités sur plusieurs cas d'utilisations, optimisé les performances et corrigé les bugs. Certaines nouveautés de cette version sont le fruit de plusieurs années de recherche, d'autres ont été réalisées sur la période 2016-2017 dans le cadre de projets et collaborations ou en fonction des demandes utilisateurs ; enfin, certaines fonctionnalités étaient déjà disponibles dans la version de développement, mais n'avaient pas d'interface homme-machine adaptée pour une utilisation externe.

Environ 25 personnes contribuent quotidiennement au développement de CIVA, avec différents types de compétences : des physiciens et numériciens (dans le domaine de l'acoustique, l'électromagnétisme, la radiographie, le traitement de données), des informaticiens (architectures, parallélisation, imagerie 2D/3D, CAO, IHM) et une équipe de maîtrise d'ouvrage (spécifications, coordination et validation). À cela s’ajoutent plusieurs partenaires industriels et académiques qui participent au développement de la plateforme CIVA. Enfin, les contributions indirectes, que ce soit dans le cadre de notre activité en méthodes et instrumentation pour le CND, ou via nos projets collaboratifs, jouent aussi un rôle très important dans le processus de développement.

 

Pourriez-vous nous dire quelles sont les améliorations les plus attendues, selon vous, pour les utilisateurs de CIVA ?

Nous avons régulièrement des retours d’expérience des utilisateurs CIVA, notamment à travers le support et les formations EXTENDE. Nous essayons autant que possible d’en tenir compte dans notre feuille de route pour une évolution de CIVA au plus près des pratiques. La difficulté réside dans le fait qu’elle concerne autant les capacités des modèles, la prise en compte de nouveaux cas d’application, que des aspects plus ergonomiques ou fonctionnels. Malheureusement, nous devons faire des choix et avancer par étape. CIVA 2017 a un panel de nouveautés très varié, avec des avancées majeures en simulation (couplage éléments finis pour les petits défauts en ultrasons, CF pulsés), l'optimisation des temps de calcul, la montée en puissance des outils de traitement et reconstruction, et aussi des améliorations ergonomiques, avec par exemple une nouvelle bibliothèque de sondes US en lien avec les principaux fabricants.

 

Quel a été le plus gros défi que vous ayez dû surmonter lors de ce développement ?

L'un des plus grands défis de cette version a été de rendre accessible et de manière maîtrisée le concept de "métamodèle" pour les études paramétriques en simulation. C'est d'autant plus important à nos yeux qu'il ne s'agit que d'une première étape qui ouvre un potentiel immense pour la démonstration de performances, l'optimisation et l'inversion. Dès cette version, les possibilités pour les études ont été décuplées grâce à cette nouvelle approche, avec de nouveaux outils d'analyse en sensibilité et POD extrêmement rapides et précis.

 

A quelles améliorations avez-vous dû renoncer ?

Nous sommes dans une logique d'amélioration continue, on ne peut donc parler de renoncement. Le contenu des versions est toujours un compromis entre notre activité de R&D, notre capacité à valider et finaliser les nouvelles fonctionnalités, et la prise en compte des demandes utilisateurs. Le rythme annuel de sortie de versions nous donne cette liberté de reporter les fonctionnalités qui ne sont pas encore prêtes avec un décalage limité dans le temps, et ainsi de favoriser la qualité à la quantité. Par exemple, CIVA 2017 propose peu de nouveautés en Ondes Guidées et sur la thématique Composite, et pourtant notre activité en R&D sur ces sujets est intense et pleine de promesses !

 

Comment déterminez-vous les orientations de vos futurs développements ?

Nous développons notre stratégie sur trois axes porteurs : la performance des modèles (précisions, limites, validation et rapidité), l'adéquation avec les pratiques (ergonomie, nouvelles fonctionnalités, demandes utilisateurs) et l'élargissement du champ d'application de la simulation (nouvelles techniques, nouvelles méthodes). D'autre part, les projets institutionnels et les collaborations que nous développons, aussi bien avec les laboratoires académiques qu'avec les industriels, nous donnent un cadre et un guide essentiels pour le développement de CIVA. J'en profite pour remercier tous nos partenaires et clients qui s'associent à cette démarche, et qui nous aident à faire vivre ce projet ouvert et utile à l'ensemble de la communauté CND.

 

A quoi pourrons-nous nous attendre dans la version 2017 +1 ?

La prochaine version proposera des avancées dans de nombreux domaines. Bien sûr, les grandes nouveautés de CIVA 2017 vont évoluer, avec davantage de cas traités en simulation numérique, des nouveaux outils d’exploitation des métamodèles, et toujours plus de possibilités pour l’analyse et le traitement des données. Nous allons aussi renforcer l’interopérabilité via des solutions de Plug-In et d’import / export de données.

Enfin, nous allons proposer de plus en plus de modules dédiés à des applications type. Par exemple, un ensemble d’outils pour l’optimisation des contrôles de piquage est prévu pour CIVA 2018.

Et pour finir, un petit scoop : un premier module de thermographie fera son apparition dès la prochaine version !