Interview - Jose Brizuela Sanchez

15 Juillet 2021

 

Ajourd'hui, c'est avec grand plaisir que nous partageons avec vous notre interview de Jose Brizuela Sanchez, chercheur au CONICET (Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas de Argentina - Conseil National de la Recherche Scientifique et Technique d'Argentine) travaillant à la CNEA (Comisión Nacional de Energía Atómica - Commission Nationale de l'Energie Atomique), et Directeur Technique de la société Besna.

 

Jose Brizuela Sanchez

 

Vous êtes chercheur au CONICET travaillant à la CNEA. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent vos activités là-bas ?

En tant que chercheur du CONICET, je me suis impliqué dans des problématiques technologiques par le biais d'accords et de conseils visant à résoudre des problèmes de grand intérêt dans différents secteurs industriels, en faisant toujours face aux inconvénients qui surviennent normalement lorsque les systèmes commerciaux n'offrent pas de solution appropriée. En tant que chercheur, j'ai participé à plusieurs projets de recherche, tous liés aux applications industrielles des ultrasons, à la caractérisation des matériaux, aux systèmes embarqués et temps réel, à la programmation FPGA et GPU, au traitement de données pour la génération d'images ultrasonores à haute résolution, à l'intégration de systèmes et aux activités de transfert de technologies. Mes activités de recherche ont été appliquées dans les secteurs de l'énergie, du ferroviaire, de l'Oil&Gaz, de l'aéronautique, de l'aérospatiale, du nucléaire et du médical. Au CNEA, je dispose d’un laboratoire pour mener à bien mes activités de recherche. Je travaille également avec une équipe d'experts dans le domaine du CND qui apporte une expertise et un soutien aux centrales nucléaires d'Argentine.

 

En parallèle, vous êtes également Directeur Technique de la société BESNA. En quelques mots, pouvez-vous nous dire quelle est la mission de cette société ?

Besna est une jeune société d'ingénierie et de bureau d'étude travaillant essentiellement dans la planification, la conception et la gestion de projet, fournissant des solutions efficaces pour relever les défis d'ingénierie d'aujourd'hui. Besna se distingue par ses prestations de conseil en R&D dans plusieurs domaines (mécanique, nucléaire, hydraulique, transport, logistique, essais et surveillance). Dans les installations de Besna, nous sommes une équipe de 14 professionnels avec une grande expérience, qui cherche à répondre à tous les besoins des clients. Besna continue de s'agrandir ; par exemple, fin 2020, Besna a ouvert sa filiale "Besna Corp." aux Etats-Unis pour faciliter les transactions commerciales avec nos clients étrangers.

 

Comment avez-vous commencé avec la simulation dans le CND ?

C'est en 2014, au CNEA, que j'ai commencé à utiliser le simulateur CIVA UT pour développer des procédures de pré-service CND pour un projet nucléaire. Après cela, j'ai commencé à utiliser cet outil de simulation dans différents projets pour plusieurs industries.

 

Comment le module UT de CIVA vous aide-t-il dans vos différentes activités ? À quelle fréquence utilisez-vous CIVA ?

Le logiciel CIVA UT est un outil extrêmement utile pour mes activités de recherche. Je travaille avec CIVA chaque semaine pour développer des procédures d'inspection, vérifier la conception des sondes et effectuer l'analyse de systèmes d'inspection dans lesquels je suis impliqué. Je me suis appuyé sur des simulations pour prédire le champ ultrasonore transmis par un transducteur dans une pièce donnée pour optimiser la conception d'une méthode proposée, ou pour démontrer ses performances en introduisant différents défauts dans l'échantillon qui peuvent être difficiles à fabriquer. Ces fonctionnalités me permettent, par exemple, de réduire les coûts de fabrication des blocs d'étalonnage et de réduire le temps nécessaire à la mise en place d'une procédure d'inspection. De plus, j'utilise CIVA UT pour apporter un soutien aux techniciens CND et pour l'enseignement.

 

Il me semble que vous utilisez également la partie analyse de CIVA (CIVA Analyse) pour lire et analyser des acquisitions réelles. Selon vous, quels sont les points forts et ceux à améliorer dans CIVA Analyse ?

En effet, j'utilise CIVA Analyse pour lire et analyser des acquisitions provenant d'inspections en service. Je l'utilise souvent pour effectuer des consultations pour plusieurs sociétés dans le CND qui ont besoin d'un soutien dans l'analyse d'images et de données multiéléments provenant de pièces à géométries complexes. Récemment, j'ai utilisé CIVA Analyse pour évaluer plus de 480 images multiéléments provenant de pieds d'aubes d'une turbine à vapeur. Dans ce contexte, et sans l'option de "segmentation" disponible dans CIVA Analyse, effectuer l'analyse et l'évaluation en peu de temps aurait été une tâche difficile. A l'avenir, j'aimerais que CIVA Analyse soit plus compatible avec d'autres systèmes d'acquisition, car l'outil a plusieurs points forts pour évaluer l'acquisition de données. Par exemple, il permet de manipuler des données avec la géométrie de la pièce, superposer le tracé de rayons sur l'image dans la vue 3D, et l'outil d'identification de modes est utile pour comprendre l'interprétation des échos.

 

En utilisant à la fois la partie simulation de CIVA UT et l'analyse de données, avez-vous déjà comparé des données réelles avec des données simulées ? Connaissez-vous la fonctionnalité "simulation sur acquisition" ? (Cet outil propose la possibilité d'utiliser la simulation pour aider au diagnostic de données réelles.)

Oui, j'ai comparé les deux jeux de données et les résultats sont terriblement similaires. Cependant, il est important de garder à l'esprit quel est le scénario de la simulation et ses paramètres, pour avoir un modèle en bon accord avec les données réelles. J'utilise les fonctionnalités de "simulation sur acquisition" dans les cours pour expliquer les données provenant d'acquisitions en s'appuyant sur la simulation.

 

CIVA est en constante évolution. Avez-vous entendu parler des nouveaux modules, SHM (Structural Health Monitoring), et CIVA Script, qui permet de piloter des simulations CIVA et d'effectuer l'analyse des résultats (potentiellement avec des boucles itératives) sans ouvrir l'interface utilisateur ?

Personnellement, je n'ai pas encore essayé ces nouveaux modules. Cependant, je souhaiterais essayer le module SHM, car dans le portefeuille de Besna, il existe de nombreux projets associés à la surveillance de la santé structurelle. Ce module pourrait donc être particulièrement utile pour développer ces applications.

 

Quelles améliorations du logiciel attendez-vous ?

Le logiciel a une interface conviviale ! La bibliothèque de sondes permet d'effectuer des simulations plus rapides en utilisant des sondes commerciales de différents fabricants. En tant qu'attente personnelle, à l'avenir, j'espère que le logiciel sera compatible avec d'autres plates-formes de système d'exploitation.

 

Quel sera, selon vous, le principal défi pour les entreprises de CND dans les années à venir ?

De nos jours, la simulation joue un rôle de plus en plus important dans les activités des entreprises de CND, non seulement pour les études POD ou la caractérisation et le dimensionnement des défauts. La simulation prend également de l’importance dans la qualification des END. La modélisation permet de réduire considérablement les coûts et le temps, en simulant des essais pratiques de prototypes, en particulier pour le développement de technologies complexes, telles que les techniques multiéléments, les ondes guidées, les EMAT ou la radiographie. De plus, pendant les étapes de conception, les avancées dans les nouveaux matériaux et la conception complexe de composants critiques nécessitent de nouvelles solutions CND qui peuvent être réalisées plus rapidement lorsqu'elles sont appuyées par des simulations.

D'autre part, pendant les inspections en service, le concept conventionnel en CND de recherche et de réparation des défauts évolue vers une gestion proactive. Ce concept implique la compréhension de la gestion de la vie et la méthode d'évaluation de la durée de vie restante d'un composant. Cela suggère donc que le CND conventionnel est en train d'être progressivement remplacé par la technologie SHM. Le SHM nécessite de nouveaux capteurs qui doivent être intégrés dans la structure pour collecter des données dans des conditions d'exploitation réelles. Le processeur de données SHM doit inclure des processus d'apprentissage pour analyser et identifier le mécanisme de dégradation, la position/zone des défauts, et l'étape de dégradation. Une fois ces paramètres évalués, il est ainsi possible de prédire l'avenir de la structure.

Par conséquent, les entreprises de CND doivent commencer à introduire et à utiliser progressivement des concepts de capteurs embarqués, de logiciels de simulation et d'analyse, et de technologies de connexion et d'échange de données provenant de différentes techniques de CND appliquées pour surveiller et prédire la santé des composants, des structures, etc.

 

Enfin, avez-vous entendu parler des outils TRAINDE UT et RT ? Dans quelle mesure pensez-vous que ces produits innovants, visant à améliorer l'efficacité des formations, faciliter l'enseignement et améliorer le maintien des compétences des opérateurs CND, peuvent être un plus dans le domaine CND ?

J'ai entendu parler de la gamme de produits TraiNDE. Ce sont certainement des produits innovants sur le marché des END. Ces outils virtuels sont très adaptés dans le domaine des END pour aider et enrichir la formation des personnels travaillant dans les END, mais aussi pour maintenir les compétences personnelles des opérateurs. Comme ces outils virtuels incluent une base de données de signaux simulant des conditions d'inspection réelles dans diverses applications et offrent la possibilité d'introduire des composants virtuels ou des blocs d'étalonnage, cela conduit à une réduction drastique des coûts de formation et à une augmentation des performances des opérateurs. D'autre part, ces outils permettent aux centres de formation de maintenir une distanciation sociale en raison du contexte pandémique, et de continuer à former des experts ou techniciens CND qui commencent à s'initier aux techniques CND, notamment aux UT ou RT.